Marie Lou et son loup

Préambule:
"L'extraordinaire se cache dans l'ordinaire".

Préambule :
Extrait de "Crépuscule" - Les Contemplations de Victor HUGO
" L'étang mystérieux, suaire aux blanches moires,
Frisonne ; au fond du bois, la clairière apparaît ;
Les arbres sont profonds et les branches sont noires ;
Avez-vous vu Vénus à travers la forêt ?
Avez-vous vu Vénus au sommet des collines ?
VICTOR HUGO
MARIE LOU ET SON LOUP
" Promenons- nous dans le bois tandis que le loup n'y est pas........."
Cette ritournelle enfantine trotte dans la tête d'une demi-douzaine de marcheurs.
La balade, tant espérée, dans la forêt du "loup blanc", c'est aujourd'hui.
Pour ces habitués de randonnées insolites, chaque escapade dominicale est une aventure.
Une fois le parcours terminé, les langues se délieront.
A tour de rôle, les marcheurs raconteront les épreuves et découvertes, autour d'une savoureuse table.
Le tiers d'entre eux connaît les coins et recoins du mystérieux parcours comme leur poche.
La tanière du "loup blanc" réserve, quelquefois, des surprises.
Qu'est-ce qui se profile au loin?
L'imagination joue parfois des tours pendables à ceux qui ont pris
les devants.
Une étrange chenille, à quatre pattes,se déplace, nonchalamment, au pas
d'escargot.
Un groupe de quatre marcheurs, en pleine conversation, aperçoit la
créature bicéphale et quadripode. Le groupe s'interrompt.
Petit à petit, le quatuor se livre à de longues palabres.
Chaque parole en amène une autre. Le moulin tourne, insidieusement,
autour d'un seul sujet... peu amène.
Les retardataires, au point de rassemblement, sont enfin arrivés.
Les marcheurs préfèrent profiter de la fraîcheur matinale et s'astreignent
à une ponctualité de rigueur.
Même un dimanche, l'heure c'est l'heure.
La chenille arpenteuse, à douze pieds, est dans les starting-blocks, au
kilomètre zéro.
Ils étaient donc six au départ. Combien seront-ils à l'arrivée?
Le top départ est lancé peu après les préconisations du guide. Ce chef de
horde débite les précautions d'usage.
C'est un vieux briscard rompu à ce genre d'exercice : la randonnée en
forêt.
Celle où un loup semble avoir élu résidence l'encourage à déambuler sur
les sentiers de l'aventure. Tout cela l'excite à pousser les limites de la
curiosité toujours plus loin.
Son dada : la conquête de territoires vierges.
Le parcours, inévitablement, conduit dans les chemins de traverse du
fameux "loup blanc".
Ce dernier est connu dans la contrée depuis des millénaires.
Pourtant, personne ne l'a croisé. Personne n'a su déterminer sa véritable
couleur.
Son habit est dissimulé par la pénombre de la forêt.
Il fait fureur quand certains le voient "gris"; Il fait souvent chou
blanc quand d'autres le voient "blanc".
Il est, pour ainsi dire, le furet de la forêt.
Et, pourtant, à mille lieux à la ronde, dans les environnantes forêts, il
hante.
- Aujourd'hui, donc, commença le guide,
le coin le plus pittoresque se cache au milieu d'un dédale sans grande
difficulté.
Aucune crainte pour les plus poltrons; les sentiers sont balisés.
Règle n° 1 : "Ne vous éloignez pas"
Règle n° 2 : "Restez groupé"
Règle n° 3 :" .............................
Les aventuriers marcheurs écoutèrent d'une oreille ( seulement d'une
oreille).
Le guide poursuivit son laïus sans pouvoir mobiliser quiconque.
- "Il suffit, juste, de rester vigilant et tout se passera très bien", persifla t-il
mais, déjà, personne ne semblait écouter son blabla.
La demi-douzaine de marcheurs part en vadrouille et n'a cure des mises
en garde.
La chenille arpenteuse rêve de liberté et de papillon.
Au cours de la balade, la chenille arpenteuse cède sa place à la chenille processionnaire.
Cette curieuse espèce, à douze chaussures, prend un train de sénateur
pour avaler la boucle de quinze kilomètres environ, cheminant cahin-caha.
L'écoute est distante.
Quelques bribes d'information circulent, par intermittence, à la volée
pour quelques oreilles un peu attentives.
C'est, en quelque sorte, un jeu de téléphone arabe pour la quasi-totalité
des "vaillants marcheurs".
La chenille réagit aussi lentement qu'un dinosaure.
C'est bon pied bon oeil et avec enthousiasme que la chenille
processionnaire avance avec allégresse.
Les premiers kilomètres se déroulent, en effet, sans encombres.
Un kilomètre à pied, ça use. Oui, mais plusieurs.........
La marche est un sport d'endurance.
C'est au bout de trois ou voire cinq kilomètres qu'un pas
devant l'autre devient une épreuve de longue haleine.
La fatigue s'installe inexorablement à chaque pas.
Il en faut du courage pour atteindre l'arrivée.
Pour tromper la lassitude le pas redevient plus alerte et
la marche continue allègrement pour tenir la distance
imposée.
Chemin faisant, la chenille sphinx, très sportive, prend le
relais et s'étire en accordéon.
Une rencontre insolite la sidère dans cet espace rempli
d'ombre. La forêt sombre cache les mystères de l'inconnu
et des fois de l'insolite. A quelques pas, un objet usuel
et confortable ne semble pas se trouver à sa place habituelle.
Un canapé, livré aux quatre vents, attend langoureusement les
randonneurs, déjà repus.
C'est l'occasion rêvée de faire une pause qui s'impose dès le
troisième kilomètre.
C'est aussi le moment propice pour se détendre un peu.
Les "vaillants marcheurs" déversent à grandes eaux les robinets
sous pression puis continuent leur petit bonhomme de chemin.
Des cris et des chuchotements résonnent dans la sombre forêt.
- Je reviens
- Mon loup ; à plus...
Mais, les voix ne portent plus très loin. Les aventuriers marcheurs s'éloignent pas à pas.
Après bien des kilomètres la chenille sphinx, à douze chaussures, presse le pas pour apprécier d'autres paysages.
Au détour d'une longue ligne droite, cahoteuse et éreintante,
la surprise fut grande de découvrir, en pleine forêt, une pan-
carte singulière.
De forme triangulaire, on pouvait lire, sur un tronc majestueux :
" PROPRIETE PRIVEE"
C'est l'arbre qui cache la tanière ou plutôt l' entrée du fief
du "loup blanc".
La résidence principale du "loup blanc" ou du "loup gris"
( c' est selon) se situe non loin du Petit Arpent du diable,
à proximité d'une mare ¤, ( " une petite mare est là, ridant sa face,
Prenant des airs de flot pour la fourmi qui passe,
Ironie étalée au milieu du gazon
Qu'ignore l'océan grondant à l'horizon." )
dans un antre à trois côtés isocèles ou scalènes ( c ' est aussi selon)
Eugène Guillevic trotte assez loin dans les parages.
Encore quelques pas et voici le fameux lieu dit ( la mare aux
loups) circonscrit de fils barbelés dans un écrin de fraîcheur
au milieu d'un sanctuaire plus vaste mais sauvage, sombre
et luxuriant.
Ce lieu, écrin de verdure où chante une mare.
Les barbelés restés en souvenir du "Rhin bot" coulait comme
une rivière, jadis.
A la découverte de la mare, l'univers mythique du
"loup blanc" traverse tous les esprits.
Les loups d'antan, outre Rhin, étaient, fort nombreux.
Ils hurlaient au-delà des forêts.
Depuis belle lurette, la louve, les louveteaux et le loup
ont pris la poudre d'escampette et meurent en silence.
Ce n'est pourtant guère rassurant mais le "loup blanc"
hante les mémoires d'une peur ancestrale, bleue pour
certains.
Marie Lou a soif..... de son loup.
Elle se baladait en chantant, quand,
"Disparaitt' prend li"
Disparaître la prise.
Et Marie Lou ne peut plus faire sa reloup.

"La lune luit dans l'eau du lac
Où le loup lape, lape l'eau
Lape, lape, lape le O
Que peint la lune sur le lac
Avec une plume d'oiseau"

Marie Lou a dépassée la borne des limites des sentiers
balisés.
Entrée dans le triangle, la spirale s'enclenche et tout
tourne, tourne....
Marie Lou s'est jetée dans la gueule du loup.
L'hôte qui sombre dans la solitude a déjà un pied
sous la table de ce diable au sabot de cheval
à la place du pied gauche.
Captive, Marie Lou se lève comme "an ziguidi dans an bombe fè blanc" ( comme un diablotin d' une boîte de fer blanc)
Marie Lou est dans le carcan du "loup gris".
Marie Lou ne sait que faire.
Marie Lou succomba à la tentation de Narcisse, non pas
pour une fleur, une image d'amour mais pour son loup.
Son loup de carnaval, de pleine lune, observant l'univers,
avec des lueurs d'une âme entre chien et loup.
Le loup reflétait son image dans la verdâtre mare.
Le loup a disparu et Marie Lou en a eu marre.
L'illusion a fait le reste.
Chaque fois qu'une belle fleur attire le regard, la berlue
de Narcisse est vivace.
Les lueurs de l'âme scrutent ce décor impénétrable, sombre et ténébreux.
A l'horizon, dans toute sa splendeur : le vert.
Aucune place à l'espérance, sous le soleil de l'été : vert.
Dans la tanière du loup, règne en maître, l'hégémonie du
monde, vert.
Aucune once d'espoir de sortie. Immensité du vert.
Vite! Une gorgée de minéral pour apaiser une soif.
Dans cette " propriété privée" le maître est : le végétal.
Dans la boue verte du végétal la forêt cache des fantômes.
Celui de Narcisse hante Marie Lou.
Quiconque s'aventure sur les traces de Narcisse n'en sort pas,
indemne.
Il a suffit d'un cillement et tout a basculé.
L'égarement de quelques instants pour se retrouver seule
au milieu de nulle part.
Marie Lou n'a vraiment pas envie de végéter dans ce
labyrinthe.
Celui du "loup blanc" entraîne, irrésistiblement, Marie Lou
dans les chemins du danger.
- " Existe-t-il ' il véritablement?,
-" Faut-il croire à la fable?"
-"Faut- il se fier aux croyances de La Fontaine?"
-" Sera t ' elle l' agneau sacrificiel?"
-Non, non, dans un silence envahissant,
-" PAS MOI, PAS MOI"
surtout pas.
A tout moment le destin peut prendre un autre chemin
en titubant d'un drôle de pas.
C'est à cet instant précis que le bougre comptait sans montrer
d'inquiétude ; pour le moment.
Il a beau remonter la colonne en comptant chaque paire de chaussures.
Le compte n'y est pas.
Une paire a disparue.
Ils étaient indubitablement six au départ. Combien sont-ils
maintenant?
Le bougre a commis une bourde.
Erreur fatale!
Mauvais calcul!
Pourtant il n'est pas une gourde ; comptable il est, comptable
il restera.
La disparition est une épreuve terrible.
Tant pour la victime que pour l'entourage proche.
C' est un moment de douleur, de déchirement où l'espérance
perd de son intensité au fur et à mesure que s'égrènent le
chapelet du temps.
La mort rôde et l' ombre qui s'installe a jeté, tout ce beau
monde, dans les méandres de l'incertitude qui atteint, avec
une fulgurance inouïe, son paroxysme.
L' inquiétude se transforme en angoisse. Une angoisse brûlante avec une once de culpabilité.
Toutefois un brin d' espoir fait vivre l'inattendu.
La mémoire resurgit, pour émarger des oubliettes, des fragments
de consigne.
- " Restez groupé' qu'il disait
- Je dirais même plus: " Restez groupé", renchérit un autre marcheur.
Le secret se révèle par des chemins tortueux. La torture du silence
empêche toute fuite.
Interpeller d'abord le guide, sans provoquer de panique, est une
demi-mesure.
- " Alerte donc le guide pour prendre des dispositions." dit l'un d'eux,
voyant le comptable marcheur tout déconfit.
Le marcheur, hébété, ne sait que faire.
L'alerte semble imminente.
Malgré ce luxe de précautions, l' annonce du verdict tombe comme un
couperet et donne froid dans le dos :
Marie Lou est portée disparue.

La mobilisation fut prompte. Le sphinx, à cinq têtes, se retrouva donc à
parlementer pour parer au plus vite à l'exigence du moment.
Marie Lou s'est perdue dans l'impasse du bois.
Malheureusement, il n'y a aucune rue de la forêt dans l'univers du " loup
blanc".
Marie Lou transpire en arpentant ce paysage sylvestre, lugubre et emprisonnant ; mais combien envoûtant.
Le fantôme du loup rôde.
Aux oreilles de Marie Lou, reviennent, en boomerang, les paroles pré-
monitoires du guide ( " Ne vous éloignez pas")
Marie Lou espérait tant qu'ils découvrissent, à cet instant précis, une
petite oasis de fraternité dans ces limbes de guigne sempiternelle.
L'un sans l'autre c'est atroce.
Combien seront-ils à l'arrivée?
Rongée par l'angoisse Marie Lou reste prostrée sur un tronc d' arbre couché.
Dans les choux, le délire, sur la racine, décline un curieux soliloque:
Marie Lou a perdu son loup
Marie est égarée.
Marie Lou a perdu l'apocope
Marie est à l'eau
Lou a perdu l'aphérèse
Lou est marrie
Elle croit entendre des hurlements ; la peur a l'état pur.
Penser à la disparition lui fait horreur. Elle est prête à tomber en syncope.
Marie Lou ne veut pas devenir comme son ancêtre, l'hominidé, parti courir
le monde.
Selon la légende, l'ancêtre qui n'en pouvait plus- à cause de la douleur- a
péri au bord de la boue tasse mare aux loups.
Le voyage ne s' arrêta pas de sitôt.
Elle va se battre contre sa peur pour puiser la force de vaincre l'adversité.
Pas de fil pour se repérer dans cet enchevêtrement de vénérables géants
verts muets comme des carpes.
Nous sommes si vulnérables dans le territoire du "loup blanc".
Nous hurlons, dans la forêt, comme des loups :
- Marie Lou, Marie Lou, où es-tu?
Nous pensons :
- " Que fais-tu"?
Marie Lou, de son côté, a hurlé, dans la forêt, refusant de céder à la
panique :
- " Où êtes-vous?
Elle pense
- " Que faîtes-vous"?
Mais au bout d'un moment, lasse de vociférer, le silence traversa la
jungle verte.
Pas de petits cailloux pour éclairer les lanternes.
Le hasard est une loi qui voyage incognito.
Apparaître la voie.
Rien qu'un murmure, plutôt une antienne, bourdonne aux oreilles de la
poignée de baroudeurs avec une insistance lancinante :
" Très chère Marie Lou
Où as-tu perdu ton loup?
A la mare aux loups."
Sur les terres du "loup blanc", le maître est : l'effroi.
Comment se sortir de ce mauvais pas?
Ni taureau ni minotaure à combattre mais la peur à dompter.
Marie Lou et la poignée de marcheurs sont à la même enseigne.
Entrer dans le bois fut un jeu d'enfant, mais sortir du bois...
Ils sont, maintenant,
cinq d'un côté
et une de l'autre.
Combien seront-ils au final?
Derrière le loup, deux agates observent la chenille avec curiosité.
La victime est belle.
Une envie gourmande plane.
Qui va être dévoré?
Le message est explicite mais aucun ne se résout à l'évidence ; pour
l'instant.
- Eh oui! mais c'est ça.
- Fatalitas! Fatalitas!
Deux voix imperceptibles susurraient au fond des oubliettes de la conscience.
L'oeil ( garder le bon ouvert, car, même avec les deux yeux la vision
est embuée par la douleur) voyait des choses inconcevables.
Lorsque l'on parle du loup, qu'est-ce que l'on voit?
Une vaine chimère. Juste une illusion.
Le nom tabou est sur toutes les lèvres mais personne ne veut donner
sa langue au chat.
Revenons à nos baroudeurs sur le chemin de la traque.
- Marie Lou portait un loup.
- En es-tu certain?
- Elle l'avait au fond de son sac. Elle l'a porté au début du trajet pour
se moquer de nous. Le masque cachait ses belles mirettes.
- Cherchons le loup et nous retrouverons Marie Lou, renchérit, en choeur,
les autres.
Aussitôt dit, aussitôt prêt pour la traque.
La poignée des vieux loups, sur une trace, manifeste le désir de trouver
quelque chose de tangible, un indice susceptible de mettre un terme à
l'angoisse.
Le bois où Marie Lou n'est plus est passé au peigne fin dans l'espoir de
découvrir une preuve quelconque dans ce triangle scalène.
La recherche de l'indice, en allant à grands pas, voire , à pas de loup,
s'avère inconséquent, après un grand laps de temps.
Infini, interminable.
Elle court, elle court
dans l' ombre des géants verts
Ils courent, ils courent
dans la lumière des retrouvailles.
La chenille sphinx, à cinq paires maintenant, rebrousse chemin, à la queue
leu leu.
Les cinq paires pressent le pas, toujours groupé, pour se diriger vers
l'aimant fatidique : la boue tasse mare aux loups.
Contournant l'aimant, les "vaillants marcheurs" songent à Narcisse
mourant de désespoir devant son idole insaisissable.
Non, non, dans un silence d'épouvante.
" Pas Marie Lou".
Elle semblait tellement forte.
Une force qui refuserait
l'irréparable.
Du coup, tous eurent un geste de recul devant la fameuse boue tasse mare.
Espoir déçu
Rien personne
La déception est aussi percutante qu'un uppercut.
Les cinq baroudeurs sont comme sonnés, tombant quasiment dans la
démence du boxeur.
L'effet boomerang est ravageur.
Maintenant, le coin paraît sinistre, glauque, à la limite mortifère.
Marie Lou, de son côté est déterminée, ne perd pas pied, s'accroche,
se bat comme une louve, ne lâche rien.
Perdue dans cet univers, Marie Lou tombe, inévitablement, dans l'escarcelle du "loup blanc".
Rien aux alentours, personne.
Etrange coïncidence : le sort de l'une est lié à celui des autres par un
pacte secret.
Tous sont tombés dans le giron du "loup blanc".
Dans ce mystère, il suffirait d'un miracle.
Sitôt pensé, sitôt exaucé.

Faisant confiance à son intuition, Marie Lou entrevoit, à la lisière du bois,
une forme mouvante, vivante.
La peur et l'espoir se confondent.
Jouant son va-tout, elle accélèrent le pas, dans un élan enthousiaste, pour
accéder à la sortie de ce maléfice.
En se rapprochant, la crainte persiste mais Marie Lou a du courage.
Elle est prête à affronter l'inconnu.
Son salut s' incarne sous les traits d'un promeneur solitaire.
A une portée de voix, Marie Lou hurle, hurle, HURLE.
Le quidam, rêveur, seulement à ses heures, perçoit ce fracas vocal.
La rencontre est salvatrice et au-delà de toute espérance.
Marie Lou raconte qu'elle s'est égarée et obtient des informations
précieuses pour retrouver son chemin.
Elle retrouvera, bientôt, ses pénates bienfaisants. Ses pérégrinations
l'ont épuisée.
Sa décision est prise : elle retourne au bercail.
La mort dans l'âme, tous conclurent qu'elle était là, dans le périmètre
du "loup blanc" .
Les larmes perlaient, le coeur gros.
Livrer une proie à un prédateur : quelle incurie.
Résignation absurde ou sage?
En forêt, tous pouvaient sans contrainte hurler, hurler,HURLER comme
une meute de loups.
Les compagnons d'infortune résolurent, à contre coeur, de revenir au
bercail avec une tête d' enterrement.
Quelque chose s'est cassé.
Ils ont perdu le fil.
Ils ont surtout perdu Marie Lou.
Le temps de se remettre de leurs émotions et de laisser un dernier espoir
à la chance, tous patientent de midi à quatorze heures pour enfin mettre
à exécution un plan "B".
Le guide a plusieurs cordes à son arc.
Meneur d'homme, certes, mais aussi cordon bleu.
La cuisine c'est, aussi, son dada.
C'est la raison pour laquelle, sans hésitation, tous iront chez lui prendre
des forces et décider, en dernier ressort, d'alerter les autorités.
Le guide accueille et accepte la proposition.
Lui seul connaît le chemin comme sa poche.
Le miracle survient quand on s'y attend le moins.
Marie Lou arrive comme une fleur au domicile du guide.
Les cinq compagnons restent ébaudis. Les yeux s'écarquillent.
L'apparition de Marie Lou, devant la porte de la maison, est un cadeau.
Sacré pistache!
C'est une divine surprise.
- Que faîtes-vous tous là?
- Nous nous concertions pour lancer ta recherche. Nous sommes bien
heureux de te savoir sauve, dit le guide, soulagé.
Marie Lou est saluée comme une reine.
Les retrouvailles sont, pour tous, un grand réconfort.
- Je viens à vous guidée par ma bonne boussole.
Ils étaient six.
Ils sont six.
Le nombre est exact à l'arrivée. C'est l'essentiel!
Ils étaient donc deux à n'avoir aucun secret sur le territoire du "loup blanc".
Ce fut, juste, un moment d'égarement.
Marie Lou s'était éclipsée pour retrouver son loup, l'instant d'un cille-
ment.
Marie Lou en perdant son loup a aussi perdu son loup tout en craignant
le loup.
Le mystère se cache dans la polysémie du loup.
L'aventure a laissée une trace indélébile dans les esprits.
Le maître mot est dorénavant : VIGILANCE.
Oh! Marie Lou, ton histoire se termine sur un ton morose :
Marie Lou sans son loup prend une douche
Marie Lou n'embrasse que sur la bouche
Marie Lou en remet une couche
Marie Lou attire les loups comme des mouches
Marie Lou et son loup sont louches
Marie Lou dort comme une souche
MarieLou nous laisse sur la touche
Amen ou plutôt ainsi soit-il
ÂME DU LAC OC

DOCUMENTATION:
Chanson:
"Loup garou " Luc Guillaume
"Au bord de l'eau" De Palmas
"le petit arpent du bon dieu" roman de Erskine Caldwell et film américain d' Anthony Mann.
Arthur Rimbaud
Chanson d'Edith Lefel " bomb saindoux"
- "Spéciale Edith Lefel - R F I Musique"
Un zitata
"L'espace d'un cillement" de Jacques Stephen Alexis
" Ombre des bois" de Paul Fort
Mythologie grecque : Le minotaure
" la conscience" de Victor Hugo
Extrait de la Légende des siècles
"la mare au diable" Roman de George Sand
"Triangle scalène" Eugène Guillevic
Bon pour danser,
Virevolter
Sur ma base, sur mon sommet,
Sur mes côtés, mes autres angles,
C'est que je suis toujours
Agité, tiraillé,
Par des angles, par des côtés,
Assemblés au hasard
Et sans égalité.

"la démence du boxeur" Roman de François Weyergans
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Une autre lecture selon le " Dictionnaire de la mythologie" d' Odile GANDON
NARCISSE :
Toutes les femmes mortelles et nymphes sont sur le charme !
Narcisse est un jeune homme très beau et très séduisant, mais l'amour
est le dernier de ses soucis.
Qu'on l'aime, d'accord, mais il n' ira jamais s' abaisser à éprouver des
sentiments pour quiconque : il s'aime assez lui-même pour ne pas perdre
son temps avec les autres !
Il ne jette pas le moindre regard à ces jeunes filles éprises qui tournent
autour de lui.
L'une d' elles particulièrement, la nymphe Echo, se désespère.
Son chagrin est immense, elle pleure, elle gémit.
Le coeur blessé d'amour pour le bel indifférent, elle quitte les vertes
prairies où jouent ses compagnes et s'éloigne, solitaire, puis disparaît
dans une lointaine vallée où elle se laisse peu à peu mourir.
Elle s'éteint doucement et seule lui survit sa lamentation désolée, que l'on
entend encore alors que la mort a fait taire la nymphe affligée.
Dans la triste fin d'Echo, les Grecs voyaient l'origine de l'écho
qui prolonge les voix qui se sont tues.
Mais les nymphes et les jeunes filles dédaignées par Narcisse, demandent
justice aux dieux pour la mort d'Echo.
Némésis, divinité de la vengeance, les entend et va punir Narcisse pour
cette indifférence envers la souffrance des autres, car il s' agit pense-t-elle,
d'un orgueil excessif.
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AU FIL DES MOTS :
Cahot : accident de terrain
Narcisse des poètes : plante bulbeuse à fleur printanière blanche
ÂME DU LAC OC