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Marie Lou et son loup

Publié le par dame du lac oc

Marie Lou et son loup

 

 

Préambule:

"L'extraordinaire se cache dans l'ordinaire".

 

 

Préambule :

                    Extrait de "Crépuscule" - Les Contemplations de Victor HUGO

 " L'étang mystérieux, suaire aux blanches moires,

 Frisonne ; au fond du bois, la clairière apparaît ;

Les arbres sont profonds et les branches sont noires ;

Avez-vous vu Vénus à travers la forêt ?

Avez-vous vu Vénus au sommet des collines ?

                               VICTOR HUGO 

 

 

MARIE LOU ET SON LOUP

 

" Promenons- nous dans le bois tandis que le loup n'y est pas........."

 

Cette ritournelle enfantine trotte dans la tête d'une demi-douzaine de marcheurs.

La balade, tant espérée, dans la forêt du "loup blanc", c'est aujourd'hui.

 

Pour ces habitués de randonnées insolites, chaque escapade dominicale est une aventure.

Une fois le parcours terminé, les langues se délieront.

 

A tour de rôle, les marcheurs raconteront les épreuves et découvertes, autour d'une savoureuse table.

Le tiers d'entre eux connaît les coins et  recoins du mystérieux parcours comme leur poche. 

La tanière du "loup blanc" réserve, quelquefois, des surprises.

 

Qu'est-ce qui se profile au loin?

 

L'imagination joue parfois des tours pendables à ceux qui ont pris

les devants.

 

Une étrange chenille, à quatre pattes,se déplace, nonchalamment, au pas

d'escargot.

 

Un groupe de quatre marcheurs, en pleine conversation, aperçoit la 

créature bicéphale et quadripode. Le groupe s'interrompt.

Petit à petit, le quatuor  se livre à de longues palabres.

Chaque parole en amène une autre. Le moulin tourne, insidieusement,

autour d'un seul sujet... peu amène.

 

Les retardataires, au point de rassemblement, sont enfin arrivés. 

Les marcheurs préfèrent profiter de la fraîcheur matinale et s'astreignent 

à une ponctualité de rigueur.

Même un dimanche, l'heure c'est l'heure.

 

La chenille arpenteuse, à douze pieds, est dans les starting-blocks, au

kilomètre zéro.

 

Ils étaient donc six au départ. Combien seront-ils à l'arrivée?

 

immages-2014 2139

 

Le top départ est lancé peu après les préconisations du guide. Ce chef de

horde débite les précautions d'usage.

C'est un vieux briscard rompu à ce genre d'exercice : la randonnée en 

forêt.

Celle où un loup semble avoir élu résidence l'encourage à déambuler sur

les sentiers de l'aventure. Tout cela l'excite à pousser les limites de la 

curiosité toujours plus loin.

Son dada : la conquête de territoires vierges.

Le parcours, inévitablement, conduit dans les chemins de traverse du 

fameux "loup blanc".

Ce dernier est connu dans la contrée depuis des millénaires.

 

Pourtant, personne ne l'a croisé. Personne n'a su déterminer sa véritable

couleur.

Son habit est dissimulé par la pénombre de la forêt.

Il fait fureur quand certains le voient "gris"; Il fait souvent chou

blanc quand d'autres le voient "blanc".

Il est, pour ainsi dire, le furet de la forêt.

Et, pourtant, à mille lieux à la ronde, dans les environnantes forêts, il

hante.

 

- Aujourd'hui, donc, commença le guide,

   le coin le plus pittoresque se cache au milieu d'un dédale sans grande

difficulté.

 Aucune crainte pour les plus poltrons; les sentiers sont balisés.

 

Règle n° 1 : "Ne vous éloignez pas"

Règle n° 2 : "Restez groupé"

Règle n° 3 :" .............................

 

Les aventuriers marcheurs écoutèrent d'une oreille ( seulement d'une

oreille).

 

Le guide poursuivit son laïus sans pouvoir mobiliser quiconque.

- "Il suffit, juste, de rester vigilant et tout se passera très bien", persifla t-il

mais, déjà, personne ne semblait écouter son blabla.

 

La demi-douzaine de marcheurs part en vadrouille et n'a cure des mises 

en garde.

 

La chenille arpenteuse rêve de liberté et de papillon.

 

Au cours de la balade, la chenille arpenteuse cède sa place à la chenille processionnaire.

Cette curieuse espèce, à douze chaussures, prend un train de sénateur

pour avaler la boucle de quinze kilomètres environ, cheminant cahin-caha.

 

L'écoute est distante.

 

Quelques bribes d'information circulent, par intermittence, à la volée

pour  quelques oreilles un peu attentives. 

C'est, en quelque sorte, un jeu de téléphone arabe pour la quasi-totalité

des  "vaillants marcheurs".

 

La chenille réagit aussi lentement qu'un dinosaure.

 

C'est bon pied bon oeil et avec enthousiasme que la chenille

processionnaire avance avec allégresse.

Les premiers kilomètres se déroulent, en effet, sans encombres.

Un kilomètre à pied, ça use. Oui, mais plusieurs.........

 

 

La marche est un sport d'endurance.

C'est au bout de trois ou voire cinq kilomètres qu'un pas

devant l'autre devient une épreuve de longue haleine.

La fatigue s'installe inexorablement à chaque pas.

Il en faut du courage pour atteindre l'arrivée.

 

Pour tromper la lassitude le pas redevient plus alerte et

la marche continue allègrement pour tenir la distance

imposée.

 

Chemin faisant, la chenille sphinx, très sportive, prend le

relais et s'étire en accordéon.

 

Une rencontre insolite la sidère dans cet espace rempli

d'ombre. La forêt sombre cache les mystères de l'inconnu

et des fois de l'insolite. A quelques pas, un objet usuel

et confortable ne semble pas se trouver à sa place habituelle.

Un canapé, livré aux quatre vents, attend langoureusement les

randonneurs, déjà repus.

C'est l'occasion rêvée  de faire une pause qui s'impose dès le

troisième kilomètre.

C'est aussi le moment propice  pour  se détendre un peu.

Les "vaillants marcheurs" déversent à grandes eaux les robinets

sous pression puis continuent leur petit bonhomme de chemin.

 

Des cris et des chuchotements résonnent dans la sombre forêt.

- Je reviens

- Mon loup    ; à plus...

 

Mais, les voix ne portent plus très loin. Les aventuriers marcheurs s'éloignent pas à pas.

 

Après bien des kilomètres la chenille sphinx, à douze chaussures, presse le pas pour apprécier d'autres paysages.

Au détour d'une longue ligne droite, cahoteuse et éreintante,

la surprise fut grande de découvrir, en pleine forêt, une  pan-

carte singulière.

De forme triangulaire, on pouvait lire, sur un tronc majestueux :

                  " PROPRIETE PRIVEE"

 

C'est l'arbre qui cache la tanière ou plutôt l' entrée du fief

du  "loup blanc".

 

La résidence principale du "loup blanc" ou du "loup gris"

( c' est selon) se situe non loin du Petit Arpent du diable, 

à proximité d'une mare ¤, ( " une petite mare est là, ridant sa face,

                                         Prenant des airs de flot pour la fourmi qui passe,

                                         Ironie étalée au milieu du gazon

                                        Qu'ignore l'océan grondant à l'horizon." )

 

                  

                                     

dans un antre à trois côtés isocèles ou scalènes ( c ' est aussi selon)

Eugène Guillevic trotte assez loin dans les parages.

 

Encore quelques pas et voici le fameux lieu dit ( la mare aux

loups) circonscrit de fils barbelés dans un écrin de fraîcheur

au milieu d'un sanctuaire plus vaste mais sauvage, sombre

et luxuriant.

 

Ce lieu, écrin de verdure où chante une mare.

Les barbelés restés en souvenir du "Rhin bot" coulait comme

une rivière, jadis.

 

A la découverte de la mare, l'univers mythique du 

"loup blanc" traverse tous les esprits.

Les loups d'antan, outre Rhin, étaient, fort nombreux.

Ils hurlaient au-delà des forêts.

Depuis belle lurette, la louve, les louveteaux et le loup

ont pris la poudre d'escampette et meurent en silence.

Ce n'est pourtant guère rassurant mais le "loup blanc" 

hante les mémoires d'une peur ancestrale, bleue pour

certains.

 

Marie Lou a soif.....                        de son loup.

 

Elle se baladait en chantant, quand, 

"Disparaitt' prend li" 

Disparaître                                la prise.

 

 

Et Marie Lou ne peut plus faire sa reloup.

 

 

"La lune luit dans l'eau du lac

Où le loup lape, lape l'eau

 

Lape, lape, lape le O

Que peint la lune sur le lac

Avec une plume d'oiseau"

 

 

 

Marie Lou a dépassée la borne des limites des sentiers

balisés.

 

Entrée dans le triangle, la spirale s'enclenche et tout

tourne, tourne....

Marie Lou s'est  jetée dans la gueule du loup.

L'hôte qui sombre dans la solitude a déjà un pied 

sous la table                       de ce diable au sabot de cheval

à la place du pied gauche.

Captive, Marie Lou se lève comme "an ziguidi dans an bombe fè blanc" ( comme un diablotin d' une boîte de fer blanc)

Marie Lou est dans le carcan du "loup gris".

 

Marie Lou ne sait que faire.

 

 

Marie Lou succomba à la tentation de Narcisse, non pas

pour une fleur, une image d'amour mais pour son loup.

Son loup de carnaval, de pleine lune, observant l'univers,

avec des lueurs d'une âme entre chien et loup.

Le loup reflétait son image dans la verdâtre  mare.

Le loup a disparu et Marie Lou en a eu marre.

 

L'illusion a fait le reste.

 

Chaque fois qu'une belle fleur attire le regard, la berlue 

de Narcisse est vivace.

Les lueurs de l'âme scrutent ce décor impénétrable, sombre et ténébreux.

 

A l'horizon, dans toute sa splendeur : le vert.

 

Aucune place à l'espérance, sous le soleil de l'été : vert.

 

Dans la tanière du loup, règne en maître, l'hégémonie du 

monde, vert.

 

Aucune once d'espoir de sortie. Immensité du vert.

 

 

Vite! Une gorgée de minéral pour apaiser une soif.

 

Dans cette " propriété privée" le maître est : le végétal.

 

Dans la boue verte du végétal la forêt cache des fantômes.

 

Celui de Narcisse hante Marie Lou.

 

Quiconque s'aventure sur les traces de Narcisse n'en sort pas, 

indemne.

 

Il a suffit d'un cillement et tout a basculé.

L'égarement de quelques instants pour se retrouver seule

au milieu de nulle part.

Marie Lou n'a vraiment pas envie de végéter dans ce

labyrinthe.

Celui du "loup blanc" entraîne, irrésistiblement, Marie Lou

dans les chemins du danger.

- " Existe-t-il ' il véritablement?,

-" Faut-il croire à la fable?"

 -"Faut- il se fier aux croyances de La Fontaine?" 

-" Sera t ' elle l' agneau sacrificiel?"

 

-Non, non, dans un silence envahissant,

-" PAS MOI, PAS MOI"

surtout pas.

A tout moment le destin peut prendre un  autre chemin

en titubant d'un drôle de pas.

 

 

 

C'est à cet instant précis que le bougre comptait sans montrer

d'inquiétude ; pour le moment.

Il a beau remonter la colonne en comptant chaque paire de chaussures.

Le compte n'y est pas.

Une paire a disparue.

 

Ils étaient indubitablement six au départ. Combien sont-ils

maintenant?

 

immages-2014 2143

 

 

 

Le bougre a commis une bourde.

Erreur fatale!

Mauvais calcul!

Pourtant il n'est pas une gourde ; comptable il est, comptable

il restera.

 

La disparition est une épreuve terrible.

Tant pour la victime que pour l'entourage proche.

C' est un moment de douleur, de déchirement où l'espérance

perd de son intensité au fur et à mesure que s'égrènent le 

chapelet du temps.

 

La mort rôde et l' ombre qui s'installe a jeté, tout ce beau 

monde, dans les méandres de l'incertitude qui atteint, avec

une fulgurance inouïe, son paroxysme.

L' inquiétude se transforme en angoisse. Une angoisse brûlante avec une once de culpabilité.

 

Toutefois un brin d' espoir fait vivre l'inattendu.

 

      La mémoire resurgit, pour émarger des oubliettes, des fragments 

de consigne.

- " Restez groupé' qu'il disait

- Je dirais même plus: " Restez groupé", renchérit un autre marcheur.

 

Le secret se révèle par des chemins tortueux. La torture du silence 

empêche toute fuite.

Interpeller d'abord le guide, sans provoquer de panique, est une 

demi-mesure.

- " Alerte donc le guide pour prendre des dispositions." dit l'un d'eux,

voyant le comptable marcheur tout déconfit.

Le marcheur, hébété, ne sait que faire.

L'alerte semble imminente.

 

Malgré ce luxe de précautions, l' annonce du verdict tombe comme un 

couperet et donne froid dans le dos :

 

                                     Marie Lou est portée disparue.

 

 

La mobilisation fut prompte. Le sphinx, à cinq têtes, se retrouva donc à

parlementer pour parer au plus vite à l'exigence du moment.

 

Marie Lou s'est perdue dans l'impasse du bois.

 

Malheureusement, il n'y a aucune rue de la forêt dans l'univers du " loup

blanc".

Marie Lou transpire en arpentant ce paysage sylvestre, lugubre et emprisonnant ; mais combien envoûtant.

Le fantôme du loup rôde.

 

  Aux oreilles de Marie Lou, reviennent, en boomerang, les paroles pré-

monitoires du guide ( " Ne vous éloignez pas")

Marie Lou espérait tant qu'ils découvrissent, à cet instant précis, une

petite oasis de fraternité dans ces limbes de guigne sempiternelle.

                                  L'un sans l'autre c'est atroce.

 

Combien seront-ils à l'arrivée?

 

 

immages-2014 2183

 

Rongée par l'angoisse Marie Lou reste prostrée sur un tronc d' arbre couché.

Dans les choux, le délire, sur la racine, décline un curieux soliloque:

Marie Lou a perdu son loup

Marie est égarée.

Marie Lou a perdu l'apocope

Marie est à l'eau

Lou a perdu l'aphérèse

Lou est marrie

 

 

Elle croit entendre des hurlements ; la peur a l'état pur.

Penser à la disparition lui fait horreur. Elle est prête à tomber en syncope.

 

Marie Lou ne veut pas devenir comme son ancêtre, l'hominidé, parti courir

le monde.

Selon la légende, l'ancêtre qui n'en pouvait plus- à cause de la douleur- a

péri au bord de la boue tasse mare aux loups.

 

Le voyage ne s' arrêta pas de sitôt.

Elle va se battre contre sa peur pour puiser la force de vaincre l'adversité.

Pas de fil pour se repérer dans cet enchevêtrement de vénérables géants

verts muets comme des carpes.

Nous sommes si vulnérables dans le territoire du "loup blanc".

 

Nous hurlons, dans la forêt, comme des loups :

- Marie Lou, Marie Lou, où es-tu?

Nous pensons :

- " Que fais-tu"?

 

Marie Lou, de son côté, a hurlé, dans la forêt, refusant de céder à la 

panique :

- " Où êtes-vous?

Elle pense

- " Que faîtes-vous"?

 

Mais au bout d'un moment, lasse de vociférer, le silence traversa la

jungle verte.

Pas de petits cailloux pour éclairer les lanternes.

Le hasard est une loi qui voyage     incognito.

 

Apparaître                                             la voie.

Rien qu'un murmure, plutôt une antienne, bourdonne aux oreilles de la 

poignée de baroudeurs avec une insistance lancinante :

" Très chère Marie Lou

Où as-tu perdu ton loup?

A la  mare aux loups."

 

Sur les terres du "loup blanc", le maître est : l'effroi.

 

Comment se sortir de ce mauvais pas?

 

Ni taureau ni minotaure à combattre mais la peur à dompter.

 

Marie Lou et la poignée de marcheurs sont à la même enseigne.

 

Entrer dans le bois fut un jeu d'enfant, mais sortir du bois...

 

Ils sont, maintenant,

cinq d'un côté

et une de l'autre.

 

Combien seront-ils au final?

 

 

024

 

 

 

Derrière le loup, deux agates observent la chenille avec curiosité.

 

La victime est belle.

Une envie gourmande plane.

 

Qui va être dévoré?

 

Le  message est explicite mais aucun ne se résout à l'évidence ; pour

l'instant.

- Eh oui! mais c'est ça.

- Fatalitas! Fatalitas!

 

Deux voix imperceptibles susurraient au fond des oubliettes de la conscience.

L'oeil ( garder le bon ouvert, car, même avec les deux yeux la vision

est embuée par la douleur) voyait des choses inconcevables.

 

Lorsque l'on parle du loup, qu'est-ce que l'on voit?

 

Une vaine chimère. Juste une illusion.

Le nom tabou est sur toutes les lèvres mais personne ne veut donner

sa langue au chat. 

 

Revenons à nos baroudeurs sur le chemin de la traque.

 

      - Marie Lou portait un loup.

 - En es-tu certain?

- Elle l'avait au fond de son sac. Elle l'a porté au début du trajet pour

se moquer de nous. Le masque cachait ses belles mirettes.

- Cherchons le loup et nous retrouverons Marie Lou, renchérit, en choeur,

les autres.

 

Aussitôt dit, aussitôt prêt pour la traque.

 

La poignée des vieux loups, sur une trace, manifeste le désir de trouver

quelque chose de tangible, un indice susceptible de mettre un terme à 

l'angoisse. 

Le bois où Marie Lou n'est plus est passé au peigne fin dans l'espoir de

découvrir une preuve quelconque dans ce triangle scalène.

La recherche de l'indice, en allant à grands pas, voire , à pas de loup,

s'avère inconséquent, après un grand laps de temps.

Infini, interminable.

 

Elle court, elle court

dans l' ombre des géants verts

 

Ils courent, ils courent

dans la lumière des retrouvailles.

 

La chenille sphinx, à cinq paires maintenant, rebrousse chemin, à la queue

leu leu.

Les cinq paires pressent le pas, toujours groupé, pour se diriger vers

l'aimant fatidique : la boue tasse mare aux loups.

Contournant l'aimant, les "vaillants marcheurs" songent à Narcisse

mourant de désespoir devant son idole insaisissable.

 

Non, non, dans un silence d'épouvante.

" Pas Marie Lou".

Elle semblait tellement forte.

Une force qui refuserait 

l'irréparable.

 

Du coup, tous eurent un geste de recul devant la fameuse boue tasse mare.

 

Espoir  déçu

Rien    personne

 

La déception est aussi percutante qu'un uppercut.

Les cinq baroudeurs sont comme sonnés, tombant quasiment dans la

démence du boxeur.

L'effet boomerang est ravageur.

Maintenant, le coin paraît sinistre, glauque, à la limite mortifère.

 

Marie Lou, de son côté est déterminée, ne perd pas pied, s'accroche,

se bat comme une louve, ne lâche rien.

Perdue dans cet univers, Marie Lou tombe, inévitablement, dans l'escarcelle du "loup blanc".

 

Rien aux alentours, personne.

 

Etrange coïncidence : le sort de l'une est lié à celui des autres par un 

pacte secret.

Tous sont tombés dans le giron du "loup blanc".

Dans ce mystère, il suffirait d'un miracle.

Sitôt pensé, sitôt exaucé.

 

Faisant confiance à son intuition, Marie Lou entrevoit, à la lisière du bois, 

une forme mouvante, vivante.

La peur et l'espoir se confondent.

Jouant son va-tout, elle accélèrent le pas, dans un élan enthousiaste, pour

accéder à la sortie de ce maléfice.

En se rapprochant, la crainte persiste mais Marie Lou a du courage.

Elle est prête à affronter l'inconnu.

 

Son salut s' incarne sous les traits d'un promeneur solitaire.

A une portée de voix, Marie Lou hurle, hurle, HURLE.

Le quidam, rêveur, seulement à ses heures, perçoit ce fracas vocal.

 

La rencontre est salvatrice et au-delà de toute espérance.

 

Marie Lou raconte qu'elle s'est égarée et obtient des informations

précieuses pour retrouver son chemin.

Elle retrouvera, bientôt, ses pénates bienfaisants. Ses pérégrinations

l'ont épuisée.

 

Sa décision est prise : elle retourne au bercail.

 

La mort dans l'âme, tous conclurent qu'elle était là, dans le périmètre

du "loup blanc" . 

Les larmes perlaient, le coeur gros.

Livrer une proie à un prédateur : quelle incurie.

 

Résignation absurde ou sage?

 

En forêt, tous pouvaient sans contrainte hurler, hurler,HURLER  comme

une meute de loups.

 

Les compagnons d'infortune résolurent, à contre coeur, de revenir au

bercail avec une tête d' enterrement.

Quelque chose s'est cassé.

Ils ont perdu le fil.

Ils ont surtout perdu Marie Lou.

 

Le temps de se remettre de leurs émotions et de laisser un dernier espoir

à la chance, tous patientent de midi à quatorze heures pour enfin mettre

à exécution un plan "B".

 

Le guide a plusieurs cordes à son arc.

Meneur d'homme, certes, mais aussi cordon bleu.

La cuisine c'est, aussi, son dada.

C'est la raison pour laquelle, sans hésitation, tous iront chez lui prendre

des forces et décider, en dernier ressort, d'alerter les autorités.

Le guide accueille et accepte la proposition.

Lui seul connaît le chemin comme sa poche.

 

Le miracle survient quand on s'y attend le moins.

 

Marie Lou arrive comme une fleur au domicile du guide.

 

Les cinq compagnons restent ébaudis. Les yeux s'écarquillent.

 

L'apparition de Marie Lou, devant la porte de la maison, est un cadeau.

Sacré pistache!

C'est une divine surprise.

 

- Que faîtes-vous tous là?

- Nous nous concertions pour lancer ta recherche. Nous sommes bien

heureux de te savoir sauve, dit le guide, soulagé.

 

Marie Lou est saluée comme une reine.

Les retrouvailles sont, pour tous, un grand réconfort.

- Je viens à vous guidée par ma bonne boussole.

 

Ils étaient six.

Ils sont six.

Le nombre est exact à l'arrivée. C'est l'essentiel!

 

Ils étaient donc deux à n'avoir aucun secret sur le territoire du "loup blanc".

 

Ce fut, juste, un moment d'égarement.

      Marie Lou s'était éclipsée pour retrouver son loup, l'instant d'un cille-

ment.

Marie Lou en perdant son loup a aussi perdu son loup tout en craignant

le loup.

Le mystère se cache dans la polysémie du loup.

 

L'aventure a laissée une trace indélébile dans les esprits.

Le maître mot est dorénavant : VIGILANCE.

Oh! Marie Lou, ton histoire se termine sur un ton morose :

 

Marie Lou sans son loup prend une douche

Marie Lou n'embrasse que sur la bouche

Marie Lou en remet une couche

Marie Lou attire les loups comme des mouches

Marie Lou et son loup sont louches

Marie Lou dort comme une souche

MarieLou nous laisse sur la touche

 

Amen ou plutôt ainsi soit-il

 

ÂME DU LAC OC

 

DOCUMENTATION:

 

Chanson:

"Loup garou "  Luc Guillaume

"Au bord de l'eau" De Palmas

 

"le petit arpent du bon dieu" roman de Erskine Caldwell et film américain d' Anthony Mann.

 

Arthur Rimbaud

 

Chanson d'Edith Lefel " bomb saindoux"

- "Spéciale Edith Lefel - R F I Musique"

 

Un zitata

 

"L'espace d'un cillement" de Jacques Stephen Alexis

" Ombre des bois" de Paul Fort

 

Mythologie grecque  : Le minotaure

 

" la conscience" de Victor Hugo

Extrait de la Légende des siècles 

 

"la mare au diable"   Roman de George Sand

 

 

"Triangle scalène" Eugène Guillevic

 

Bon pour danser,

Virevolter

 

Sur ma base, sur mon sommet,

Sur mes côtés, mes autres angles,

 

C'est que je suis toujours

Agité, tiraillé,

 

Par des angles, par des côtés,

Assemblés au hasard

Et sans égalité.

 

 

"la démence du boxeur" Roman de François  Weyergans

 

 

--------------------------------------------------------------------------------------

 

Une autre lecture selon le " Dictionnaire de la mythologie" d' Odile GANDON

 

NARCISSE : 

Toutes les femmes mortelles et nymphes sont sur le charme !

Narcisse est un jeune homme très beau et très séduisant, mais l'amour

est le dernier de ses soucis.

Qu'on l'aime, d'accord, mais il n' ira jamais s' abaisser à éprouver des

sentiments pour quiconque : il s'aime assez lui-même pour ne pas perdre

son temps avec les autres !

Il ne jette pas le moindre regard à ces jeunes filles éprises qui tournent

autour de lui.

L'une d' elles particulièrement, la nymphe Echo, se désespère.

Son chagrin est immense, elle pleure, elle gémit.

Le coeur blessé d'amour pour le bel indifférent, elle quitte les vertes

prairies où jouent ses compagnes et s'éloigne, solitaire, puis disparaît

dans une lointaine vallée où elle se laisse peu à peu mourir.

Elle s'éteint doucement et seule lui survit sa lamentation désolée, que l'on

entend encore alors que la mort a fait taire la nymphe affligée.

Dans la triste fin d'Echo, les Grecs voyaient l'origine de l'écho

qui prolonge les voix qui se sont tues.

Mais les nymphes et les jeunes filles dédaignées par Narcisse, demandent

justice aux dieux pour la mort d'Echo.

Némésis, divinité de la vengeance, les entend et va punir Narcisse pour 

cette indifférence envers la souffrance des autres, car il s' agit pense-t-elle,

d'un orgueil excessif.

................................................................................

AU FIL DES MOTS : 

Cahot                       : accident de terrain

Narcisse des poètes : plante bulbeuse à fleur                                              printanière blanche

ÂME DU LAC OC

Marie Lou et son loup

Publié dans littérature

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mot-valise

Publié le par dame du lac oc

mot-valise

 

                                             

Le mot est  vide par foi

Le mot est  plein de foi

 

Avec le mot valise on peut parcourir le 

Val de Loire et l'Ise de Mie d'un  cillement 

 

Il m'arrive de lire le mot départ  

et partir en voyage

 

Avec  le mot-macumba de Césaire je peux

 entrouvrir les possibles

 

Il y a le mot calligramme d' Apollinaire

pour dessiner un chapeau

 

Il y a le mot merveilles d' Alice

pour tomber en enfance

 

Il y a le mot portemanteau de Carroll

pour entrevoir  l'autre côté du miroir

 

Il  m'arrive de penser le mot arrivée

pour terminer en beauté

 

ÂME DU LAC OC

 

                                      

 

Extrait du " mot- macumba" d'Aimé Césaire dans "Moi, laminaire"

 

avec le mot couresse on peut traverser un fleuve

peuplé de caïmans

 

Expression créole :

Garder la tête haute comme couresse qui enjambe la rivière

 

" Calligramme" de Guillaume Apollinaire

 

"Alice au pays des merveilles" Lewis Carroll

 

" De l'autre côté du miroir" Lewis Carroll

               -----------------------------

Pour la route, un mot-valise  de Guillaume  Apollinaire : chibriape.

Mot-valise formé de chibre et de priape

 

 

 

Courriel : mot valise plein de messages

ÂME DU LAC OC

 

                                         

Un voyage exotique à l'autre bout du monde dans l'île du Japon par le mot ISE.

                                                ISE

                     Ise

                     Ise

                     Ise

Label                                 la baie

                    Ise

                   Ise

                   Ise

Friand

                  Ise

Gourmand

                 Ise

Vent                             tard

                 Ise

La belle nippone

                               ÂME DU LAC OC

mot-valise

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galère

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galère

 

 

Guillaume est mort vive Aimé

Apollinaire et Césaire

Libres en vers de combat

Ecrivaient des vers bruts

Romance reines murènes

Et négritude cou coupé

 

Grand lettré au panthéon

Alcools  lais  des complaintes

Lettres à  sa maîtresse Lou

Ecrits  ponctuation sans

Retour au   pays natal

Ecrits   très politiques

ÂME DU LAC OC

 

 

Alcools

"Moi qui sais des lais pour les reines

Les complaintes de mes années

Des hymnes d'esclave aux murènes

La romance du mal aimé

Et des chansons pour les sirènes"

Guillaume Apollinaire

 

 

                   

                 Batouque

"batouque de nuit sans noyau

de nuit sans lèvres

cravatée du jet de ma galère sans nom

de mon oiseau de boomerang"

Aimé Césaire

 

 

                         Maillon de la cadène

Avec des bouts de ficelle

Avec des rognures de bois

Avec de tout tous les morceaux bas

Avec les coups bas

Avec des feuilles mortes ramassées à la pelle

Avec des restants de draps

Avec des lassos lacérés

Avec des mailles forcées de cadène

Avec des ossements de murènes

Avec des fouets arrachés

Avec des conques marines

Avec des drapeaux et des tombes dépareillées

          Par rhombes

             Et trombes 

Te bâtir

                           Aimé Césaire

 

                                           

 

               E comme Ecriture

Pour Césaire la poésie est "la parole essentielle" entre les silences 

séculaires imposés aux peuples et les bavardages des faux discours.

Prendre la parole après des siècles de silence ne peut se faire 

qu'avec un grand respect des mots, de leur puissance, de leur justesse

et de leur rareté.

Comme il le proclame dès 1944 : " La poésie est cette démarche qui

par le mot, l'image,le mythe, l'amour et l'humour m'installe au coeur

vivant de moi-même et du monde"

C'est pour cela qu'elle surgit comme expression ultime de liberté face

aux paroles bâillonnées, "hoquets d'essentiel" au delà du silence et de

"l'inepte" bavardge de l'ambiant marécage.

J'ai l'habitude de dire que la poésie dit plus.

Bien sûr, elle est obscure mais c'est un "moins" qui se transforme en "plus".

La poésie c'est la parole rare, mais c'est la parole fondamentale parce qu'elle

vient des profondeurs, des fondements, très exactement, et c'est pour ça que

les peuples naissent avec la poésie."

Extrait de "Cent poèmes d'Aimé Césaire" Daniel Maximin

 

 

AU FIL DES MOTS : 

 

Galère      : nom féminin

                  1) Bâtiment à voiles  et à rames

                  2) familier -       Situation très pénible

                     pluriel - Peine des  condamnés à ramer                                        sur  les galères

 

Marécage : Bourbier ( être  aussi bien dans la                                                     mare que  dans la cage)

 

Trombes   : Grande quantité de pluie qui

                      s'abat   soudainement 

ÂME DU LAC OC 

galère

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rondeau du bonheur

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rondeau du bonheur

 

 

Le temps ne fait rien à l'affaire

Quand on est amoureux de vous

L' on rêve  loir dans une berceuse : vous

Quand  reverdit  petit affaire

 

Les assauts des ans, dans l'air, volent

Quand les négligés tombent par terre

Le temps ne fait rien à l'affaire

Quand  amours polissonnes vivent.

 

Le bonheur de l'instant fragile

Quand vient, du bon temps, le charme

La vallée,  sous le lit, heureuse !

Quand on nage dans la rivière

Le temps ne fait rien à l'affaire.

ÂME DU LAC OC

 

 

Message de l'ami Pierre de Ronsard :

                                         " Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie" 

 

Extrait des Sonnets pour Hélène  " Quand vous serez bien vieille...."

 

AU FIL DES MOTS ;

POLISSONNES : Licencieuses

ÂME DU LAC OC 

rondeau du bonheur

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débarquement

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débarquement

 

 

Comme en juin 1944

L'Armada débarque

De la Manche.

 

Joli tour

Sur les plages.

 

ÂME DU LAC OC

 

 

 

 

"Temps sans mitan plus longue" ou  encore "Le jour le plus long"

 

Il y a tant de cheire

Il y  tant de plaisir

Il y a tant de fakir

Il y a tant de collyre

Il y a tant de G . I

Il y a tant de martyre

 

Il est temps de choisir

Il est temps de partir

Il est temps de courir

Il est temps de frémir

IL est temps de gravir

Il est temps de mourir

ÂME DU LAC OC

 

 

 

 

AU FIL DES MOTS

 

Cheire : mot dialectal auvergnat

              coulée volcanique qui présente des inégalités dues  aux scories.

Fakir : mot arabe "pauvre"

             Ascète musulman ( derviche)

             Ascète hindou qui vit d'aumônes, en Inde

Usage courant : Professionnel du spectacle présentant des numéros d'insensibilité à la douleur, d'hypnose,etc...

ÂME DU LAC OC

débarquement

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