" Je n'ai que des mots et mon cœur pour compatir à votre malheur"
Petite ballade d'un choix de vie : 30 ans dans la rue en gardant des souvenirs de tendresse d'un
enfant.
Réminiscence du poème de Louis Aragon "Que serais-je sans toi" chanté par Jean Ferrat ( 1964 by Productions Gérard Meys)
BALLADE D' UNE SANS DOMICILE
Que serais-je sans toit sans toi
Que ferais-je sans toi sans voie
Que ferais-je toute seule sans ris
Que serais-je sans toit sans foie
J'ai tout de toi enfant appris
J'ai vu désormais l'amour : toi
Moi : circonstance et subsidence
Comme une mère morte de connivence
A contrecoeur sur contrecoeur
Peu à peu s'est flétrit le coeur
A force de fomentation rude
Je vivrai toujours d'amour prude
Que serais-je sans tes grands yeux
Que serais-je sans ta fine bouche
Que serais-je sans tes baisers
Que serais-je sans tes doux doigts
Que serais-je sans ton minois
Que serais-je sans ton giron
Que serais-je sans tes jambes
Comme une mère morte de connivence
A contresens dans l'absence
Peu à peu s'est forgé l'aveu
A fortiori désaveu
Je vivrai toujours de l'absence
Que serais-je sans toit sans mie
Que ferais-je sans toi sans lit
Que ferais-je toute seule sans amie
Que serais-je sans toit sans délit
J'ai tout rejeté même moi toi
Moi toi nous désarroi famille
Famille cruelle abstinence
Comme une mère morte de connivence
ÂME DU LAC OC
Documentation:
Reportage télévisé
Jean Tardieu " Etude de pronoms " [ Monsieur Monsieur . Saint Germain de Joux 1903 - Paris 1995
René Char " Allégeance " Fureur et mystère . L'isle sur la Sorgue 1907 - Paris 1988
Louis Aragon Paris 1897 - 1982 " Poème à crier dans les ruines" [ La Grande Gaîté
Joë Bousquet " La nuit mûrit" [ La connaissance du soir
" L'ombre sœur" [ La connaissance du soir
BALLADE A LA LUNE
C'était, dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La lune,
Comme un point sur un i.
Lune, quel esprit sombre
Promène au bout d'un fil,
Dans l'ombre,
Ta face et ton profil ?
Es-tu l'oeil du ciel borgne ?
Quel chérubin cafard
Nous lorgne
Sous ton masque blafard ?
N'es- tu rien qu'une boule ?
Qu'un grand faucheux bien gras
Qui roule
Sans pattes et sans bras ?
Es- tu je t'en soupçonne,
Le vieux cadran de fer
Qui sonne
L'heure aux damnés d'enfer ?
Sur ton front qui voyage
Ce soir ont-ils compté
Quel âge
A leur éternité
(.....)
T'aimera le vieux pâtre,
Seul, tandis qu'à ton front
D'albâtre
Ses dogues aboieront.
T'aimera le pilote
Dans son grand bâtiment,
Qui flotte,
Sous le clair firmament !
Et la fillette preste
Qui passe le buisson,
Pied leste,
En chantant sa chanson.
Comme un ours à la chaîne,
Toujours sous tes yeux bleus
Se traîne
L'océan monstrueux.
Et qu'il vente ou qu'il neige,
Moi-même, chaque soir,
Que fais-je,
Venant ici m'asseoir ?
Je viens voir à la brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.
ALFRED DE MUSSET