Senghor dada
Poète créateur : Tristan Tzara ( 1896 - 1963)
Pour faire un poème dadaïste
Prenez le poème de Léopold Sédar Senghor ( 1906 - 2001) " Femme nue, Femme noire..."
Découpez ensuite avec soin chacun des mots que forment ce poème et
Mettez-les dans un sac
Agitez doucement
Sortez ensuite chaque coupure l'une après l'autre
Copiez conscieusement dans l'ordre où elles ont quitté le sac
Un poème original Senghor dada est éclos
Fruit du hasard ; Beauté de l'art
Gazelle nue Tam-tam je
Tendu peau jaloux vie
Avant
Sombres nul de attaches que étoiles de sur
Femme
Terre nourrir célestes obscure nue
Femme
Te huile nuit souffle passe
perles ne noire mon lyrique spirituel
Tam-tam
Aux angoisse fixe mûr rouge huile
Grondes
princes forme l'athlète ne yeux
Destin
Les qui réduise ta Vent doigts à qui de
Sculpté
Tes l'esprit sous délices
Femme
Jeux de ton bouche la reflets
L'Aimée
Dans aigle savane aux ta qui des aux
Racines
Les vainqueur l'ombre purs les je
Flancs
Que Mali coeur en ta chant de
Beauté
D'un noir extases bandait mains
Cendres coeur
l'été comme haut yeux aux qui du plein chante grave
S'éclaire
Flancs obscure de
De en sur calme frémis qui ferventes de d'Est ta
L'éclair
La moire contre-alto fruit peau est aux que pour du se
Femme
prochains savane le l'éternel des
Femme promise
Et chevelure vin chair la découvre bouche a caresses
Du midi ta de sont ta
Beauté
L'or et calciné
Femme
Ferme horizons aux haut grandi vie fais te voilà
Noire beauté
les est nue et qui est de qu'au
Femme noire Femme
Soleils de ta j'ai ombre de qui col mes voix la nue
Ma femme
Tes de
Femme
A foudroie du le ride me je nue du ta
Douceur
D'un couleur vêtue forme de
ÂME DU LAC OC
C'est l'exemple de poème pris en flagrant délit de détournement de
mots
Pourtant, c'est l'exemple de poème sans
histoire
Faisant fi de l'orthographe, de la syntaxe,
de la grammaire,
de la conjugaison,
de la ponctuation
Sans queue ni tête,
Sans foi ni loi,
Des mots à la suite
Des mots sans suite
Sens dessous dessus
Pris à contre sens
ÂME DU LAC OC
Rien ne vaut l'original
"Femme nue, femme noire...."
Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté!
J' ai grandi à ton ombre, la douceur de tes mains bandait mes yeux.
Et voilà qu'au cœur de l'été et de midi, je te découvre, terre promise du haut d' un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein cœur comme l'éclair d'un aigle.
Femme nue, femme obscure!
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d'Est
Tam-tam sculpté, tam-tam tendu qui grondes sous les doigts du Vainqueur
Ta voix grave de contre-alto est le chant spirituel de l'Aimée.
Femme nue, femme obscure!
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau
Délices des jeux de l'esprit, les reflets de l'or rouge sur ta peau qui se moire @.
A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.
Femme nue, femme noire!
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'éternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.
Léopold Sédar Senghor
@ Rend chatoyant